MÉMOIRE D'ELLE : SAINTE DOUCELINE BEGUINE DE PROVENCE
QUI EST DOUCELINE ?
Première béguine attestée de Provence. Elle est née en 1214 à Digne, et elle est décédée le 1 septembre 1274 à Marseille.
La chance, synchronicité ? Le livre de Douceline ''Vie de sainte Douceline'' (cf Onglet Bibliographie) attribuée à Philippine de Porcellet est réédité en 2020 avec comme sous titre : « fondatrice des béguines de Marseille». L'original de "La Vie" a été écrit par un témoin oculaire, sa disciple Philippine de Porcellet qui lui succédera. Elle l'écrit en 1297 peu de temps après la mort de Douceline.
Rendons hommage au curé chanoine Albanès. Il est le traducteur du manuscrit original "La Vie" de Sainte Douceline, manuscrit enfin retrouvé après de nombreuses pérégrinations à la Bibliothèque Nationale ; traduction du vieux provençal en français éditée chez Camoin à Marseille en 1879. Le curé Albanès est un local : né à Auriol en 1822, mort à Marseille en 1897. Il est docteur en théologie, historien et archiviste du diocèse de Marseille. Grand philologue, il a reçu la légion d'honneur en 1897. On lui doit également la traduction des carnets de Fra Salimbene et la postulation pour la canonisation du pape Urbain 5. Il a porté la cause en béatification d'Anne-Madeleine Remuzat. Nous avons à cœur de ''faire mémoire » de ce curé Marseillais, auquel nous sommes redevables de l'aventure spirituelle de Douceline accessible à tous.
Évoquons les TALENTS de Douceline relatés dans les 15 chapitres du livre "La Vie" de Douceline par Philippine de Porcellet, sa disciple, et celle qui deviendra prieure à sa suite :
FONDATRICE, GESTIONNAIRE : Douceline a du bon sens et les pieds sur terre. Elle va fonder une première maison de béguines à Hyères en 1244 puis une deuxième à Marseille. Elle les appelle Maisons Roubaud, du nom du cours d'eau coulant à Hyères au bord duquel s'était établie la première communauté. Elle restera disponible aux deux lieux, continuant à visiter la communauté de Hyères dont elle demeure la référente. Elle instaure une règle commune aux deux Maisons Roubaud. Elle souhaite une expansion à Marseille que son frère Hugues va confirmer '' à la gloire de Dieu''. Confiante, elle va recevoir des personnes affluant à ses côtés de nombreux dons. L'institut "estamen" de Marseille va perdurer deux siècles.

APTITUDE A L'ORAISON : (méditation ou
prière) l'oraison comme un moyen essentiel de croître intérieurement, son frère
Hugues leur disait ''si vous persévérez
dans l'oraison, vous irez à Dieu en volant''.
HUMILITÉ : Douceline disait que le nom de ''béguine'' lui plaisait beaucoup parce qu'il était humble, déplaisait à l'orgueil du monde. Elle avait horreur des honneurs, elle était ''vérifiée'' par une sœur vicaire à qui elle obéissait humblement ainsi qu'à son confesseur Jocelyn.
PAUVRETÉ (esprit de St François d'Assise qu'elle vénérait) : Elle préconisait de s'occuper avant tout des pauvres et des malades, d'aller dans les hôpitaux, d'accueillir les miséreux et elle s'y rendait elle-même pour montrer l'exemple. La Maison Roubaud ne refusait jamais une personne qui demandait soin ou aide, se rappelant la parole du père de Douceline : ''ma fille, je t'apporte du profit''. Elle invitait sa communauté à ressentir la JOIE éprouvée à s'occuper des plus petits.
MYSTIQUE : Facilité à l'oraison depuis l'enfance. Elle peut d'abstraire du monde sans difficulté. Elle manifeste une hyper sensibilité et entre facilement en extase : en entendant le chant d'un oiseau, une belle parole, ou l'évocation d'un saint. Souvent, lors de la communion dans la chapelle des frères franciscains, elle lévitait des heures, suspendue en l'air, distance mesurée à 1 pan (25 cm). On lui embrassait le dessous des pieds, dévotement ; le peuple accourait pour la voir, quitte à enfreindre les grilles de la porte d'entrée de l'église… Elle refusa alors de se montrer en public. Les Mystiques ont souvent dérangé. Et il est très dérangeant de lire parfois que Douceline était de tempérament "maladif" ou "dépressif". Cette accusation n'est pas justifiée car Douceline dès son enfance allie le mystique et le pragmatique, une capacité a s'émerveiller et une aide pratique envers les malades et les pauvres, engagement qu'elle tient de ses parents qui se vouaient à l'aide aux miséreux. Et pour fonder et entraîner à sa suite, il faut avoir du rayonnement et non de la fragilité, n'est ce pas !
SPIRITUELLE MAIS PAS INTELLO : Elle n'a rien écrit, elle vivait dans l'expérience et en témoignait. Elle invitait à la confiance : n'ayez pas peur ! Elle avait mis l'établissement sous la protection de Jésus, de Marie, de François d'Assise et de son frère Hugues, ainsi que de la Sainte Trinité. Elle disait ''sous les ailes de François, vous ne risquez rien''.
Elle montrait de la fermeté : exigeante pour elle-même, se voulant exemple, ferme comme une pierre angulaire. On pourrait la dire ''branchée'' en lien avec les anges ''Saints et Anges venaient la visiter comme une amie''. Cette proximité était reconnue au Moyen Age. Elle avait de la compassion pour les autres : le don des larmes d'un cœur liquide. Tous les soirs, elle pleurait dans sa chambre à la souffrance du monde. Une compassion dénuée d'action, elle prenait le temps d'écouter la souffrance des gens, et allait elle-même soigner. On pourrait aussi la dire chamane ou écolo, tant elle louait les animaux et la création.
VISIONNAIRE : elle avait un don de prophétie. Elle voyait les choses alors qu'elle n'était pas présente, pressentait ce qui devait arriver. Elle lisait dans le cœur des autres et devançait leur problème. Elle avait des visions et des songes dont elle témoigne dans le livre de "La Vie".
CONSEILLÈRE : on la consultait sur les grandes affaires : ainsi Charles 1er comte de Provence (frère de SAINT LOUIS) lui demandait conseil et lui écrivait régulièrement. Un événement important est à relater. L''épouse de Charles 1er, Béatrice de Provence, a une grossesse s'avérant si difficile, que tous les médecins autour se désespéraient pour sa vie et celle de son enfant. Par trois fois, elle voit en songe ''une bonne dame'' portant l'habit de béguine, la réconfortant. Elle en parle à Charles 1er son époux, lui révèle son angoisse, qu'elle ne pourra pas échapper à la mort, ni à celle de son enfant, si elle ne trouve pas la personne vue en songe. Charles 1er va faire une enquête dans son entourage et des recherches. On lui parle alors de la sainteté de Douceline. Il l'envoie chercher à Aix en Provence. Dès que la comtesse voit Douceline, elle reconnait que c'est bien celle aperçue en songe. Douceline va rester à proximité de la comtesse jusqu'à l'accouchement qui se passera sans complications. Une fille naît, sera baptisée, la marraine (commère) sera Douceline. Dès lors, le comte de Provence, lui vouera une grande dévotion.
Autre événement à relater : Douceline apaisera les conflits entre les frères mineurs et les comtes de Provence, et recevra protection et rentes pour son institut à Marseille. Le comte lui demandera toujours conseil pour ses engagements, notamment pour la royaume de Sicile. Elle lui écrivait régulièrement lui disant de ne pas céder à l'ambition du pouvoir, à l'orgueil, sinon, les événements se retourneraient contre lui. Malheureusement, c'est ce qui se passera avec l’événement des Vêpres Siciliennes où il perdra la bataille, sera fait prisonnier, ainsi que son fils Charles II. Il en mourra de chagrin.
TRANSMISSION : Elle assure la suite, demandant à ce qu'il n'y ait qu'une seule supérieure pour les deux instituts de Hyères et de Marseille, afin de garder l'unité de la communauté. Elle fait voter cette charte à toute la communauté leur faisant, à chacune, prêter serment. Elle transmet l'importance de la SOLIDARITÉ entre les sœurs Béguines disant de la solidarité : ''c'est une fine cordelette qui vous tient les unes les autres et dont les nœuds ne peuvent être défaits''. Grâce à cette structure, l'institut de Marseille perdurera deux siècles jusqu'en 1414. Il est à noter que même mystique, Douceline incarne avec densité sa mission de vie.
LES MIRACLES : Attestés de son vivant (voir le livre "La Vie"). Elle guérissait en touchant toute infirmité : ainsi en mettant le doigt sur la bouche d'un muet, l'enfant se mit à parler. Elle guérissait les plaies. 25 miracles sont relatés après sa mort, et relatés dans le livre.


Joie d'être dans ses pas !
Nous avons souhaité cette année 2025 relier tous les lieux de Provence qui portent la mémoire de Douceline, nous inspirant de la prière du père Claude Thoumyre, citée ci-dessus. Voir Onglet Douceline de Provence
Sainte Douceline à travers l'art de l'icône
Nous avons infiniment de gratitude envers Douceline de Provence (1214-1274), qui nous a permis depuis 5 ans maintenant un travail de recherche passionnant : une quête menant à une requête que nous aurons beaucoup de joie à vous présenter prochainement.
